International
Classical Music Awards : 2017 Nominee
Resmusica :
Clef
d'Or , 2017 Best Contemporary Release
Naxos
Bestseller April 2017
Jean-Marie
André
(Crescendo-magazine – 24 february 2018)
Des premières mondiales d'un "autre" compositeur estonien
!
Son
7 – Livret 10 – Répertoire 7 – Interprétation 7
Si,
interrogé sur le nom d'un compositeur estonien, on cite facilement
Arvo Pärt, Jaan Rääts nous est, par contre, parfaitement inconnu.
C'est donc l'intérêt de ce CD de nous faire découvrir, en première
mondiale, six des dix courtes - elles dépassent rarement la dizaine
de minutes - sonates pour piano de ce musicien de 85 ans. Il est
difficile de définir le style de cet auteur prolifique. On lui doit
entre autres une dizaine de symphonies, plus d'une vingtaine de
concertos, un important corpus de musique de chambre et de nombreuses
musiques de film ; compositeur néoclassique, on pourrait le
qualifier de chaînon manquant entre un Chostakovitch énervé et un
Steve Reich immergé dans un minimalisme pimenté d'influence jazzy.
Le
livret bref mais très bien conçu résume en quelques lignes les
caractéristiques de chaque sonate qu'il est inutile de reproduire
ici. Disons simplement qu'elles couvrent la période créatrice du
compositeur, les trois premières datant de 1959, la neuvième de
1985 et la dixième de 2000.
Le
pianiste français, Nicolas Horvath, est un spécialiste des
marathons musicaux ; il a donné un premier concert marathon de 24
heures à la maison de la radio en 2015, un autre de 11 heures avec
l'intégrale de l'œuvre pour piano de Philip Glass à la
Philharmonique de Paris en octobre 2016. C'est donc une nouvelle
gageure pour lui d'envisager l'intégrale de ces sonates pour piano
de Jaan Rääts malgré l'avantage certain de ne rencontrer aucune
concurrence sur le marché du disque.
On
peut regretter une sonorité quelque peu acidulée ; est-elle due au
Yamaha CFIII ou à la technique du pianiste ? Quoiqu'il en soit, un
enregistrement qui fera plaisir aux spécialistes de la musique
estonienne et aux amateurs en quête de nouvelles découvertes plutôt
originales sinon singulières.
David
Denton (April
2017-David's Review Corner)
We
are indebted to Grand Piano for introducing the first recordings of
the piano sonatas by the octogenarian Estonian, Jaan Rääts, this
being the first of two discs. Prolific in his output that includes
ten symphonies and twenty-four concertos, it is Rääts’ years
spent educating the present generation of composers for which he will
be specially remembered. As a student he was educated in both piano
and composition, the first group of three sonatas coming from 1959
when he was twenty-seven, and were made up of very short movements,
the four-movement Third lasting less than seven minutes in total. It
is a curious mix of tonality and atonality with a hint of
Shostakovich in his spiky mode, the disc’s most extended movement,
at the centre of the First, being an unspecified lament. The Second
introduces a minimalist tendency and jazz influences that continue as
the sonatas progress to the Ninth dating from 1985. Occasionally
melody enters, as in the Grave movement of the Second, and more often
in the Fourth, to which he added the title, Quasi Beatles. No quotes,
though you could well believe it contains music from their popular
songs. Then a time jump of sixteen years before we arrive at the
Ninth, though the recipe is much the same. The most recent sonata,
the Tenth composed in 2000, is in one short movement divided into
three moods. Born in Monaco, the pianist, Nicolas Horvath, is known
for his deep committment to contemporary music, and has already
become a champion of Jaan Rääts, with whom he has worked in the
preparation of these sonata recordings. Very good sound.
Dionys
(Inactuelles – 4 juillet 2017) :
Le Sacre de l'énergie
Vous
avez dit l'Estonie ? On vous répond au mieux Talinn... et Arvo Pärt
dans le domaine musical. Les mélomanes avisés mentionneront
peut-être Erkki-Sven Tüür. Mais qui, en France, prononcerait le
nom de Jaan Rääts ? Pourtant, ce compositeur né en 1932, longtemps
professeur à l'Académie de musique, est l'auteur d'un catalogue
impressionnant, essentiellement dans le domaine instrumental :
musique de chambre, pour orchestre, pour piano. Aussi la rencontre
entre le pianiste Nicolas Horvath, ambassadeur fougueux de cet
instrument et défricheur infatigable des musiques d'aujourd'hui, et
Jaan Rääts était-elle quasiment inévitable, d'autant plus que
l'estonien revendique hautement sa liberté musicale : « Je n'aime
pas les systèmes rigides, affirme-t-il. J'aime absorber le matériau
musical, le filtrer, développer son potentiel émotionnel là où
c'est nécessaire. Je l'utilise comme un tremplin pour mon
imagination... » Je ne m'évertuerai donc pas à lui accrocher une
ou plusieurs étiquettes, ce à quoi se réduit parfois la critique
musicale qui en profite pour nous assener ses derniers anglicismes
agressifs, manière faussement innocente de nous prouver qu'elle est
à la pointe de la pointe des nouveautés. Je vous invite tout de
suite à la lecture du beau livret - bilingue dont notre belle langue
- qui propose une analyse musicologique abordable, très juste. Pour
ma part, au lieu de prendre les sonates chronologiquement comme le
fait Ed Distler, compositeur et pianiste auteur du livret, je les
aborderai au fil du disque.
En
effet Nicolas Horvath, qui a préparé ce premier volume avec le
compositeur, a choisi de commencer son programme par la neuvième
sonate. Le premier mouvement est comme un coup de tonnerre :
répétitions obstinées d'accords, arpèges tourbillonnants, qui se
résolvent par moments en micro séquences élégiaques vite
emportées dans le déluge pianistique . Un hymne aux forces vitales
qui n'exclut pas comme un éloge du mystère. Ô comme cette musique
fait du bien, nouveau sacre du printemps pour le piano ! Le second
mouvement reprend en mineur les thèmes du premier pour une promenade
incantée par des boucles minimalistes et des afflux d'énergie :
miracle d'une écriture libre, aérée, aux incroyables beautés
mélodiques inattendues. Le dernier mouvement est au croisement des
deux premiers, torrentueux, faillé par des staccatos puissants, des
falaises de notes répétées : la puissance accouchant d'instants de
grâce. Il y a du volcan chez Jaan Rääts. La musique jaillit comme
un feu d'artifice sublime : quoi de mieux pour ouvrir un album ? Les
six minutes de de dixième sonate, en un seul mouvement, offrent
comme un condensé de l'univers de Rääts : transitions abruptes,
contrastes puissants, surgissements de sources vives avec arpèges
éblouissants, moments de calme et d'ironie sereine, dissonances et
répétitions explosives à faire pâlir de jalousie le pulse
reichien. Cette musique est aux antipodes de la musique de salon.
C'est une musique sauvage, une bête indomptée, fantasque et
fascinante justement par le jeu de sa libre souplesse. C'est une
musique généreuse, dispensatrice d'une joie extraordinaire !
La
suite de l'album reprend les sonates dans l'ordre, de la première à
la quatrième. et l'on s'aperçoit, à l'écoute de la numéro 1, de
la fantastique liberté à l'œuvre dès l'origine. Avec son premier
mouvement qui court sur une seule ligne mélodique non accompagnée,
comme un équilibriste grisé par sa folie, elle bouscule pourrait-on
dire tous les attendus, tandis que le second déploie une veine
sombre, très lente, dramatisée par de puissants accords plaqués et
une sorte d'éclatement du tissu mélodique, paradoxalement enchantée
par des retours lancinants, poignants. Le trio, comme le remarque Jed
Distler, évoque en effet par moment la virtuosité ébouriffante des
études pour piano mécanique de Conlon Nancarrow, mais disloquée
par des bouffées extatiques et des accès de douceur, une cavalcade
effrénée. La seconde sonate est tumultueuse à souhait,
étincelante, obstinée, rageuse, et un brin mystérieuse, à
mi-chemin du ragtime et de Janàček (oui, Jed Distler !). Avec un
troisième mouvement noble et grave, à l'intensité croissante,
d'une confondante beauté hypnotique !! La troisième sonate commence
de manière dramatique par des accords hiératiques avant de
développer une langueur vite réinvestie par une marche solennelle,
alors que le second mouvement est vif-argent, espiègle canon qui
cède la place à un adagio fragile et mystérieux, puis un allegro
étourdissant curieusement troué par quelques secondes à la Morton
Feldman.
L'album
se termine avec la quatrième sonate "quasi Beatles" :
c'est un régal de virtuosité allègre, joyeusement dissonante
parfois. Musique folle, qui martèle jusqu'à l'outrance certains
motifs, en écho notamment à " A Day in the Life" de
l'album Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band. Quelle jubilation ! Un
orage magnétique, des gerbes éblouissantes !
Un
disque magnifique à la prise de son impeccable, servi par un Nicolas
Horvath que l'on sent dans son élément, inspiré, serviteur
passionné de l'énergie du Balte. À écouter sur une bonne chaîne
si possible, il faut le répéter dans ce monde envahi par les
formats compressés.
Rob
Barnett
(May 201 - Gramophone)
The
first three piano sonatas all date from 1959 and they established
Rääts as a champion of succinct and accessible expression. The
First is in three movements and play for just over eleven minutes. It
ends impressively with a weighty and tolling serenity verging on the
lugubrious and the desolate. The harmonic language is cleanly
dissonant. The Second, like the Third, is in four movements. It
includes a rapid-fire first movement racing along like a Nancarrow
miniature on speed. There is a jazzy underpinning to this piece. The
Third is from the same year and plays for just short of seven
minutes. Its plodding, tender, imperious bell-swung first movement is
followed by an intricately stalking second, a hesitant third and
another fast-coursing Pianola- style movement which then finds time
to morph into passive quietude. Don't let the Fourth's Quasi Beatles
title fool you. There are some pleasing and confidingly melodious
moments but it makes creative play with dissonance, both subtle and
grinding. The Ninth pounds and pummels yet has a tracery of Bachian
humanity about it. The Tenth is in one movement. It too picks up on
writing that involves wild-eyed trilling. These trills often spin out
into violence. To contrast with this there is a restful Finzian
spirit abroad (1.50). The listener may be lulled but there is reason
to be watchful. Rapid changes of mood, tempo and harmony are the
order of the day. I can imagine these pieces appealing strongly to
Joanna MacGregor. They are very much in that vein.
Nicholas
Horvath seems in masterly command of Rääts' often dark yet gleaming
materials whether in propulsion or in the hypnotic doldrums. As for
the audio side the sound is gripping whether the music is hammering
away or close to silence. Jed Distler is at the tiller for the liner
essay which does an accessible and informative job just as you would
expect from this expert communicator. Grand Piano are good at series
so don't expect to wait very long before the next disc appears.
Philippe-Emmanuel
Krautter (Lexnews
- Édition Semaine n° 36 / Septembre 2017)
Nicolas
Horvath est un pianiste talentueux de renommée internationale et que
ne rebutent ni le travail, ni l’audace et le courage, pour preuve
ces trois parutions discographiques qui témoignent non seulement de
ce courage éditorial, mais également de l’excellence des
interprétations proposées.
Découverte
enfin avec le troisième enregistrement constituant le premier volume
de l’œuvre complète des sonates pour piano de Jaan Rääts,
compositeur estonien, élève de Nikolaï Rimski-Korsakov, aux
réminiscences de Prokofiev… Nicolas Horvath a travaillé avec cet
artiste à l’inspiration puissante qui irradie ses œuvres. Accords
plaqués et arpèges vertigineux confèrent à cette musique une
dissonance postmoderne. Tout est convoqué dans la musique de Jaan
Rääts, l’oreille pourra discerner en filigrane de discrètes
évocations folkloriques, le compositeur poussera même la curiosité
jusqu’à étudier le style de Philip Glass.
Le
talent de Nicolas Horvath se joue des difficultés dans cette musique
qu’il affectionne manifestement, les ponts entre Satie et Glass
avec Rääts transparaissant ici de manière saisissante, et on se
laisse volontiers emporter...
Marvin
Rosen (WPRB
- Classical Discovery - Rockin' Rääts special day, 18 august 2017)
I
love Nicolas Horvath's Rääts Cd
Francis
Benoît Cousté
(24 juin 2017) Trois nouveaux enregistrements Satie, Glass et Rääts
Éminent
pianiste français, Nicolas HORVATH vient de publier, chez Grand
Piano, trois albums mémorables
D’un
compositeur estonien par trop ignoré en France (considérable est
toutefois son œuvre instrumentale : 10 symphonies, 24 concertos,
quantité de musique de chambre, musiques de film), voici les pièces
retenues pour ce premier enregistrement français : Sonates 1,
2, 3, 4, 9 et 10.
Gapplegate
Modern Music Blogspot
(9 june 2017)
Oh,
the things we will hear once we open our ears! There is so much out
there. There is Jaan Raats (b. 1932) a name as unknown to me as the
umlauts in his name (that my current writing program cannot produce).
The World Premiere recordings of his Complete Piano Sonatas 1 (Grand
Piano 765) as deftly handled by pianist Nicolas Horvath is something
of an event, The music has a dash and panache that is as revelatory
as it is appealing, This first volume gives us sonatas 1-4 and 9-10;
the first three hail from 1959, No. 4 from 1969, No. 9 from 1985,
rev. 2014 and No. 10 from 2000, rev. 2014. His is a very motile,
dynamic modernism that takes maximum advantage of the percussive
nature of the instrument.
The
music is not quite like anything else. The long span between the
first and tenth sonatas does not at first listen show a huge
stylistic change, there is a pronounced Raats-like quality to all of
them. But that pronounced originality is the constant thread that
makes the entire program stand out as special. Jaan Raats has found a
way to be modern without being what one might expect. That is
something to appreciate. Explore this music and find another musical
world awaiting!
Jean-Luc
Caron
(Resmusica - 7 septembre 2017) Clef
du Mois
(meilleure parution classique du mois de septembre 2017) , Clef
d'Or (meilleur
enregistrement de musique contemporaine de l'année 2017)
Dans
les années 1960 un groupe de compositeurs estoniens s’est hissé à
un haut degré de créativité. On connaît les noms de Veljo Tormis,
Eino Tamberg et Arvo Pärt, beaucoup moins celui de Jaan Rääts.
Cet
élève des conservatoires de Tartu et Tallinn fut aussi un étudiant
de l’excellent Heino Eller avant de devenir ingénieur du son à la
Radio estonienne, responsable des programmes musicaux et enfin
directeur de la musique à la Télévision de son pays. Rääts,
président de l’Union des compositeurs estoniens et professeur à
l’Académie de musique d’Estonie, n’a pas négligé la
composition montrant une préférence certaine pour la musique
instrumentale où se côtoient deux symphonies, vingt-quatre
concertos, de la musique de chambre et des partitions pour le cinéma.
Parmi
ses œuvres consacrées au piano seul se détachent dix sonates, peu
courtisées, que le pianiste français Nicolas Horvath défend avec
fougue, enthousiasme et brio. La présente livraison nous permet d’en
découvrir six, écrites entre 1959 et 2014, révisions incluses.
Toutes profitent de l’acquisition d’une multiplicité de sources
au profit d’une écriture, sinon foncièrement originale, du moins
singulière et personnelle. La Sonate n° 9 (1985, rév. 2014) fait
usage dans son premier mouvement de répétitions de blocs d’accords
et de brefs motifs enrichis de douces dissonances ; le second
mouvement apaisé repose sur des salves d’arpèges souples tandis
que le troisième et dernier propose une accélération dynamique
urgente. La Sonate n° 10 en un seul mouvement (2000, rév. 2014)
organise une série de confrontations de notes pointées et d’accords
dissonants où s’expriment des sections élégantes et d’autres
davantage rugueuses. Si ces deux dernières sonates s’appuient sur
une sophistication certaine de la pensée et de l’écriture, elles
doivent encore beaucoup au climat de la Sonate n° 1 (1959) d’où
émerge une ligne mélodique unique discernable (Allegro), puis
un climat nostalgique orgueilleux (Grave) et enfin un
flux sonore rapide, râpeux et martelé (Allegro final). Des rapports
discrets mais certains à plusieurs chansons des Beatles rendent
compte du sous-titre de la Sonate n° 4 de 1969.
Les
Sonates pour piano de Rääts méritent notre attention et
s’éloignent, non sans réussite, des schémas traditionnels,
créant un monde sonore propre et attractif. A découvrir.
Kari
Nevalainen
(inner-magazines – december 2017) Jaan Rääts angled piano sonatas
Jaan
Rääts (b. 1938), contemporary of eg. Veljo Tormis and Arvo Pärt,
two other prominent Estonian composers, is perhaps best known for his
pieces he’s written for the piano – especially the ten piano
sonatas, the earliest of which are from half a century ago.
A
quite a clever selection of the sonatas are documented on the album
(Grand Piano) in which Nicolas Horvath plays three smaller sonatas
from 1959, sonata “Quasi Beatles” from the 60s, the ninth sonata
from 1985 and the latest sonata, the tenth, from 2000.
If
there’s one word that would describe Rääts’ musical thinking as
it manifests itself in these piano sonatas and the disc, it is its
originality, and why not, oddity too.
On
the one hand, the music is, as one critic put it, playful,
obsessively aggressive, lyrical, hacking, rhythmic, and minimalistic.
Stylistically postmodern, if you like. On the other, it’s
characteristically inorganic, structurally angular and texturally
somewhat heavy. This last aspect makes the music kind of onerous to
inhale. But Rääts’ sonatas also present clear-cut, non-trivial
and first and foremost, highly energetic music.
The
sonata “Quasi Beatles” is from the best end. Some of the famous
themes are audible but the focus is on tightly controlled
expressivity.
From
time to time less intrusive sonics might have served Rääts
demanding musical eruptions better. However, the sonatas’ slightly
mechanical nature distances them from purely acoustic performances.
The notation, not the natural acoustics, becomes the true reference,
and the close recording is in a better position to reveal what goes
on in the music. It supports the music’s energicity as well
SM
(Qobuz)
Avec
Tormis et Pärt, le compositeur estonien Jaan Rääts (*1932) fait
partie d’un groupe d’artistes qui émergea dans les années 1960
et avec lesquels la musique estonienne trouva sa place au centre du
répertoire moderne, embrassant les styles, les philosophies et les
techniques développées parmi les compositeurs occidentaux de
l’après-guerre. Les sonates de Rääts présentent une fusion
organique sophistiquée de contraires. On y trouve une simplicité
enjouée à la Satie, d’âpres dissonances post-modernes, une
obsession minimaliste, des rythmes durs et énergiques, et des gestes
d’un lyrisme poignant. Des références à plusieurs styles – y
compris Les Beatles dans la Quatrième Sonate de 1969, même si Rääts
ne reprend aucune mélodie des « Fab Four » mais se saisit plutôt
de leur modèle d’écriture –, des citations et des motifs se
succèdent rapidement ou se bousculent mutuellement.
Superficiellement, on pourrait hasarder une analogie avec le style
typique de Schnittke, ou avancer non sans raison que Rääts serait
le chaînon manquant entre Chostakovitch et Steve Reich. Le pianiste
Nicolas Horvath qui, malgré son nom à consonance hongroise, est
monégasque de naissance, nous offre ici le premier volume des dix
sonates de ce compositeur dont il s’est fait l’enthousiaste
champion, en première discographique mondiale.
Jean-Marc
Warszawski (musicologie.org
22 juin 2017)
Belle
découverte avec le premier de deux cédés consacrés aux sonates
pour piano de Jaan Rääts, compositeur estonien né en 1932, qui,
parallèlement à son œuvre de création, fait une brillante
carrière à la radio-télévision estonienne, pour en devenir
directeur des programmes musicaux, puis directeur de la musique dans
les années 1970, poste qu’il quitte pour assumer la Présidence de
l’Union des compositeurs. Il est par la suite professeur de
composition à l’Académie nationale de musique. Ses œuvres ont
été de nombreuses fois primées.
Il
est sans conteste un musicien postmoderne dont les pièces intègrent
un large spectre d’influences explicites, où musique répétitive
et jazz dominent (jazz dès la première sonate de 1959), mais encore
où se manifeste des réminiscences de Chostakovitch. On peut
apprécier l’influence occidentale, mais la concrétion est,
au moins dans les premières œuvres, plutôt russe, malgré
l’absence de sentiment épique, par l’affrontement du
lyrisme et de violents accords voire clusters, parfois le côté brut
de décoffrage, ou art naïf qui peut faire penser à des toiles de
Malévitch, une « simplification » apparente qu’on retrouve chez
Arvo Pärt ou Pēteris Vasks.
Ce
cédé est un première mondiale, Nicolas Horvath a eu la chance de
pouvoir le préparer avec le compositeur.
Gramola.at
Auch
Jan Rääts ist einer der führenden estnischen Komponisten. Selbst
Schüler des großen Heino Eller, wurde er später selbst vor allem
als Pädagoge bekannt und bildete u.a. Erkki-Sven Tüür aus. Rääts
ist ein polystilistischer Komponist, einer, bei dem man nie weiß,
was einen erwartet. Seine durchgehend tonale, dennoch rundum moderne
Musik ist sehr abwechslungsreich und spannend. Nicholas Horvath,
bekannt durch seine Reihe mit der vollständigen Klaviermusik von
Philip Glass bei Grand Piano, ist seit Jahren mit Jaan Rääts
befreundet. Der Komponist schrieb viele seiner Klavierwerke für
Horvath, der hier nun den Auftakt zu sämtlichen Klaviersonaten des
Esten bei Grand Piano vorlegt.
Romaric
Gergorin
(Classica – June 2017) Rating
:
★★★ Audio : ★★★
Ces
six sonates de Jaan Rääts interprétée avec une belle énergie par
Nicolas Horvath sont une heureuse surprise. Enregistrées pour la
première fois, alors que ce compositeur estonien, ancien député de
Tallinn, à tout de même quatre-vingt cinq ans, elles évoluent dans
un univers tonal mais aucunement tournées vers le passé, et
n'hésitent pas à manier des dissonances postmodernes et une
brutalité à la Prokofiev. Les trois premières sonates , écrites
en 1959, kaléidoscopiques, alternent différents registres, entre le
déclamatoire, le pastiche et l'expressivité exaltante, et ne sont
pas sans rappeler une certaine veine du Satie, de la période
humoristique, en moins acerbe et concis. La Sonate n°4 «Quasi
Beatles», composée en 1969, manie les quintes descendantes propres
au groupe de Liverpool ainsi que leurs changements de rythmes, avec
aussi des clins d'œil à certains de leurs titres les plus fameux
comme A day in the life. Dans sa Sonate n°9 en 1985, Jaan Rääts
fait évoluer son style, en intégrant l'apport des minimalistes
américains, en particulier Steve Reich. Les accords répétitifs
juxtaposent différents blocs sans parfois éviter le sentimentalisme
nauséeux d'un Philip Glass quand il succombe au pathos.
La
Sonate n°10, datée de 2000, élégante et diverse, manie les
ruptures de registres avec une fluidité altière, avec des pointes
de brutalité affleurant parfois, dominée par des lignes
minimalistes plus sereines et un art des contrastes qui s'avère être
la marque de fabrique de ce compositeur qui regarde loin vers
l'horizon sans totalement larguer les amarres — nous ne sommes pas
non plus dans la frénésie des Études pour piano de Ligeti ni dans
le déchaînement des Sonates de guerre de Prokofiev. Mais un charme
singulier baigne cette musique d'une quête de rupture et d'un monde
à part, entre lyrisme et dureté, éloquence et concentration.
unCLASSIFIED
(21
avril 2017)
Beautiful
new recording of Räät's sonatas from Nicolas Horvath and Grand
Piano Records. Featured on Brain Fuel this month!
Richard
Kraus
(Musicweb-international - Febuary 2018)
This
arresting set of sonatas by an Estonian master is music that many
will enjoy a lot for its spikey melodies, interesting rhythms, and
playful sensibility.
I
had not heard any of the music of Jaan Rääts before this disc,
which I now understand is my loss. Here are six attention-grabbing
piano sonatas by a contemporary master from Estonia who should be
better known.
Ranging
between six and eleven minutes long, the sonatas are small in scale
and rather meticulously crafted, yet they feel much larger in terms
of ambition and impact. Rääts’ musical language is high-energy,
with sharp, sometimes syncopated, rhythms and occasional blues
intervals. His fondness for repeated chords suggests a touch of
minimalism, although the music is rugged rather than smooth.
Pianist
Nicolas Horvath begins with a pair of sonatas which Rääts revised
in 2014. No. 9 opens dramatically, and follows an emotional
trajectory across three movements of assertion, followed by
introspection, revolved by a somewhat tempered affirmation. No. 10
also conveys a sense of connection to tradition, yet using
unconventional means to show it. This sonata sounds more
improvisatory, although that is likely an illusion created by the
composer, skillfully abetted by Horvath.
The
three earlier sonatas of Opus 11 utilize more jazzy touches, which
must have been remarkable in 1959 in Soviet Estonia. Sonata No. 1
opens with a spikey prelude and no chords at all. The grave is calm
and rather static, while the final allegro comes close to
boogie-woogie frenzy. Sonata No. 2 follows a similar arc, with outer
movements showing bad-boy instincts, while a chorale surprises with
its patient and sustained power. Rääts’ juxtaposition of
radically conflicting musical sides reminds one of Poulenc. It is fun
to listen for musical influences and analogies in Rääts’
constantly engaging and highly original music. The third of the Opus
11 sonatas closes with a final movement of the sort of stubborn
persistence you sometimes find in Hindemith. The boogie-woogie theme
seems so relentless as to be not quite human, perhaps a mechanical
construction by Conlon Nancarrow, until it gives way to quiet calming
chords.
The
“Quasi Beatles” Sonata No. 4, from 1969, contains hints of the
Beatles, but no actual quotations. I missed many of the pop
references, but Jed Distler’s fine notes offer help for the
terminally egg-headed. This sonata features some of the flashiest
playing on the disc.
Nicolas
Horvath is an energetic and sensitive performer, who plays as if
these short sonatas are masterpieces, and perhaps they are. The
artist’s conviction certainly helps carry the listener along.
Horvath has previously recorded Glass and Satie, two other
distinctive voices.
The
sound quality is fine. The piano rattles and clangs a bit, but never
more than fits Rääts’ exuberant music. I look forward to volume
2.
Kare
Eskola (Yle)
Jaan Rääts - betonibrutalismia virolaisittain
Levyllä
kuullaan kolme pikkusonaattia vuodelta 1959, "Quasi
Beatles"-sonaatti kuusikymmenluvulta, yhdeksäs sonaatti
vuodelta 1985 ja viimeinen eli kymmenes sonaatti vuodelta 2000.
Pitkästä aikavälistä huolimatta musiikki on yhtenäistä ja
erittäin omaäänistä. Leikkisyys, pakkomielteinen aggressio,
koskettava lyyrisyys, hakkaavat rytmit, minimalismi sekä tietysti
postmodernismi tyylilainoineen ja asenteineen sekoittuvat tai
oikeastaan vaihtelevat nopeasti, kun taas orgaaninen kehittely ja
sarjallinen yhtenäiskulttuuri loistavat poissaolollaan.
On
helppo ymmärtää, miksi Räätsistä ei tullut kuuluisaa.
Omaperäinen, jopa trendikäs postmodernismi ei paljon auta, kun
musiikki on rakenteeltaan kantikasta ja raskasta kuin Tallinnan
Mustamäen betonibrutalismi. Parhaimmillaan Räätsin sonaatit
kuitenkin ovat lennokasta, selvärajaista ja energistä musiikkia, ja
etenkin "Quasi Beatles" -sonaatissa tarjolla on avartavaa
ajankuvaa.
Nicolas
Horvath soittaa kolisevalla kosketuksella
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